Jems Robert Koko Bi, né en 1966 à Sinfra, est un sculpteur et plasticien ivoirien.
Il est l’un des « Maîtres africains » dont les travaux sont actuellement exposés à la Bundeskunsthalle de Bonn (Allemagne). Au bout de 15 ans d’exil, l’artiste a rendu visite à son village d’origine, en Côte d’Ivoire. En ce moment précis, Jems Robert Koko Bi ressemble à l’une de ses propres sculptures. Son visage paraît impassible, mais ses yeux le trahissent : il est ému aux larmes. Tout un village est à genoux, chante, tambourine, danse. Paabenefla le célèbre, à cinq heures de route de la capitale, Abidjan, entre la brousse et la savane. « C’est une immense joie pour moi », a-t-il déclaré. « Je ne m’attendais pas à cela. Je vous remercie tous du fond du cœur. »
Jems Robert Koko Bi n’est pas venu seul à Paabenefla. Il est accompagné de ses deux enfants, maintenant adultes, ainsi que d’une bonne dizaine de journalistes et d’experts en art de laBundeskunsthalle de Bonn et du Musée Rietberg de Zurich.
Le chef du village offre aux invités deux bidons de 30 litres de vin de palme tiède et un poulet. Avant que les visiteurs masculins ne boivent la mixture opaque, le maître de cérémonie, muni d’un micro, honore les aïeux. Il verse un verre de vin dans la fine poussière rougeoyante.
Si Jems Robert Koko Bi s’est fait une place dans le milieu international de l’art, c’est aussi parce qu’il a eu beaucoup de chance. « Il faut provoquer sa chance, suivre sa bonne étoile », affirme-t-il. En 1997, une bourse lui a permis de se rendre en Allemagne pour suivre des études à la célèbre École des Beaux-Arts de Düsseldorf.
Jems Robert Koko Bi habite maintenant à Essen, quand il n’est pas en route pour Abidjan, le Canada ou le Japon. Pourtant, sa vie semblait toute tracée : à Paabenefla, l’on naît au sein d’une corporation : celle des tisserands, des sculpteurs de masques ou des paysans. Jems Robert Koko Bi était né dans cette dernière catégorie. Si l’on s’arrache ses sculptures sur bois dans le monde entier, il n’a jamais appris l’artisanat traditionnel des masques. « Quand j’ai commencé à travailler, j’ai décidé de représenter mes ancêtres, car je ne sais de toute façon pas sculpter de masques. Mais je peux représenter mes souvenirs. » L’identité et les aïeux, nous voilà au cœur de l’œuvre de Koko Bi.